Il n'est pas facile de parler de son syndrome d'Asperger aux personnes de son entourage. La plupart ne veulent pas y croire, trop persuadés de savoir reconnaître une personne autiste à des kilomètres, encore plus convaincus d'en connaître chaque caractéristique et qu'aucune ne nous correspond. C'est difficile d'en parler, mais c'est encore plus difficile d'entendre de la part de la personne - de confiance, si on se confie - qu'elle remet en question un diagnostic posé par des personnes professionnelles et spécialisées dans le domaine.
On n'a l'impression que nos difficultés n'existent pas, ou qu'elles ne sont pas prises en considération, qu'on refuse de nous croire, ou qu'on nous prend pour un/e menteur/euse, qu'on se cherche des excuses pour expliquer notre fainéantises ou autres particularité, etc.
En ce qui me concerne, rien que d'utiliser les mots, j'ai honte, je suis mal à l'aise. Je me sens tout particulièrement idiote lorsque je me retrouve à annoncer être concernée par un trouble neurodéveloppemental que la plupart des gens imaginent comme un handicape visible et sévère, influencé par le cliché véhiculé par le cinéma, la télévision et autres médias.
"Qui joue en première base, qui...?" |
J'y arrive mieux par écrit et c'est également la raison de ce blog, qui me permet de mettre à plat et de dévoiler des choses que je serai(s) bien incapable de dévoiler de vive voix.
La phrase qui ressort le plus souvent et pour de très [très ... très] nombreuses femmes Asperger, c'est "Je te connais bien, tu es tout ce qu'il y a de plus normale" et toutes ces variantes. Avec des ajouts du type "mais tu as une vie sociale", "tu regardes les gens dans les yeux", "tu sais parler" etc. Mais ce n'est pas ça qui définit une femme autiste Asperger !
D'ailleurs, à ce sujet, j'ai trouvé le témoignage de l'auteure du blog Aspipistrelle, très parlant, prouvant que même une femme qui a une vie tout ce qu'il y a de plus normale en apparence, peut cacher une femme autiste Asperger :
"Mauvaise AutisteJ’ai appris il y a peu que je n’étais pas neuro-typiqueEt puis, pas surdouée non plusJe n’ai pas de don particulierJe n’ai pas de mémoire d’éléphantJe ne suis pas dans ma bulleJe ne manque pas d’empathieJe sais ce que sont les émotions, même toutes et puis avec intensitéJe suis une femme aimée de mon mari depuis 10 ansJe sais ce qu’est l’amitié, j’ai réussi à en entretenir une de 30 ansJe sais faire un discours devant un amphi rempli qui touche mon auditoire au coeurJe sais être une mère aimante, attentionnée, prévoyante et câlineToutes ces capacités font que je ne colle pas à liste standard des symptômes du syndrome d’ Asperger. Je ne colle pas à l’image que se font les gens d’une personne autiste. A leurs yeux, je ne suis pas une vraie autiste.Suis-je donc une mauvaise autiste?Plus d’une fois, j’ai dû argumenter et mettre mes tripes à l’air pour convaincre les plus sceptiques. Je ne le ferai plus. Aucun neurotypique ne s’est jamais mis autant à nu pour me prouver qu’il était quelqu’un de normal. Réfuter mon diagnostic, c’est me nier. Une personne qui me nie, je la laisse dire et passer son chemin. Je conserve ainsi mon énergie pour d’autres combats."
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Dites-vous que vous ne savez peut-être pas tout avant de rejeter d'un revers de main une confidence aussi délicate et effrayante à faire que celle-ci : "Je suis autiste Asperger".
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