Extraits d'un temps révolu


Je suis retournée sur mon plus ancien blog que je laisse en ligne juste parce que cela m'amuse d'y retourner parfois et de lire ce que j'y avais écrit en 2005. Mais cette fois, j'y suis retournée, car je voulais y trouver des éléments particuliers, qui reflétaient un peu plus ma différence. Je voulais voir si quelque chose était perceptible ou si, au contraire, il témoignait d'une normalité quelconque.

J'en ai sélectionné quelques extraits...

01 mars 2005
"Je n'aime pas la chaleur, les sonneries de téléphone, qu'on m'empêche de terminer quelque chose, la foule..."
03 mars 2005
"That's a little boy's story to imprison in a girl body.
She love girls and he love boys.
Her physical appearance is not his physical appearance.
His thoughts are not her thoughts !
Je veux être l'homme que je ne peux pas avoir.
Je veux avoir la femme que je ne peux pas être."
16 mars 2005
"Je vis dans un rêve... Non pas parce que ma vie est une réussite totale et que je ne peux m'en plaindre, bien au contraire, parce que mon monde est créé de toute pièce par mes fantasmes et autres idées imaginaires... [...]
Cette histoire m'a souvent sortie de ma tristesse, tout en m'y replongeant... Je sors totalement de ma vie, de mon monde en fait. Je vis une autre histoire, une autre vie, avec des gens qui m'aiment pour ce que je suis... Je m'évade... Je m'envole pour ce monde, je l'ai sans cesse dans ma tête... Que je sois dans le bus, en classe, dans mon lit, sous ma douche, devant mon ordinateur, en pleine impro... Il est là ! Mais en même temps, dès que j'en sors, quelques rares fois plus ou moins obligatoires, je me rends compte de ce qui m'entoure, je me rends compte que ce qui me rend si heureuse n'est en fait qu'un rêve..."
07 avril 2005
"Je ne sais plus quoi penser... Un rêve qui flotte dans les airs, nous faisant oublier les mauvais moments, mais ne pouvant nous sortir de la réalité qui pourtant nous a dépassée... Je regarde et ne sais que faire, je me retourne de l'un à l'autre, je cherche une réponse dans le vent."
27 avril 2005
"Ces trajets sont traumatisants... Les gens du train me font peur parfois..."
04 mai 2005
"Voyage en train... Il croise les jambes... "Super, mon espace se réduit !" Comment expliquer pourquoi les gens m'ennuient dans ce genre de cas ? Je ne sais pas comment dire... Je n'aime pas ce lien indirect qui se forme entre deux personnes qui voyagent face à face [...]
Bien que je sois ouverte d'esprit à un point inimaginable, je n'aime pas le contact avec les gens. [...]
J'aimerais avoir mon propre wagon pour pouvoir parler à mes amis imaginaires, chanter fort les mélodies qui cassent les pieds à tous ceux de ma classe ! Je ne veux pas qu'on me regarde et que je me dise qu'ils pensent sûrement que je suis folle ! [...]
Je lève les yeux, l'étranger d'en face, le voyageur dont je ne connais pas la langue me regarde. Ce n'est pas la première fois que je lève les yeux et tombe sur son regard. Tout ça me met mal à l'aise. Je n'aime pas me sentir regarder...
On en est qu'à la moitié du trajet et déjà je me sens mal... Le fait de l'écrire fait remonter le malaise encore plus, car je développe... peut-être pour mieux comprendre..."
13 mai 2005
"C'est étrange... Toutes ces questions qu'on peut se poser sur soi-même... C'est là qu'on voit que, aussi sûr de soi qu'on peut l'être, on ne contrôle rien ! Même pas notre propre vie..."
12 juin 2005
"On me prend souvent pour quelqu'un d'agressif au premier abord, alors que c'est juste ma nervosité qui ressort, alors je parle, dis n'importe quoi, essaie d'être drôle et tombe à plat... [...] Je dis beaucoup de trucs méchants, mais je ne le pense pas !"
09 juin 2005
"Je crois que beaucoup de gens se trompent à mon sujet..."
15 juin 2005
"Depuis que la musique recouvre les voix des gens dans le train, je me sens beaucoup moins entourée de malades mentaux"
26 juin 2005
"Je marchais sous la pluie, souriante (parce que moi la pluie, j'aime) ! Je n'avais qu'une seule envie : fermer les yeux et lever la tête vers le ciel. Mais la société et son état de jugement ne permettent pas à l'être terrifié par le jugement d'autrui de faire ça... que diraient les gens si on se faisait surprendre comme ça ? [...]
Les rues se vident dans ce genre de cas, les gens ont peur d'être mouillés, pour leur coiffure, leurs vêtements, leur peau, leurs chaussures en peau de daim... Je ne sais pas... Ils se douchent ? Ils lavent leurs vêtements ? Ils marchent dans les flaques d'eau ? Mais je m'en fiche, j'aime ce sentiment de solitude dans les rues... Je me sens un peu comme dans une autre dimension, un autre monde... Perdue, mais heureuse de le vivre seule ! Être seule au milieu des rues... C'est terriblement parfait !"
11 août 2005
"Reprise des cours depuis une semaine, je ne le connais pas vraiment, mais j'ai trouvé de quoi discuter dans le train, mais les discussions boucles, c'est comme les sujets bateaux, ça ne fait pas long...
"Tu fais quoi dans la vie ?"
"On est dans la même classe..."
"Heu... Oui, mais sinon... ?""
17 août 2005
"Je n'ose pas la regarder de peur de devoir lui dire bonjour."
20 août 2005
"Quand je ne peux pas pleurer, ma tristesse se transforme en colère et je deviens agressive... Les gens ne comprennent pas, ils ne peuvent pas... Et ils me grondent, comme une petite fille qui n'a pas su être polie... C'est dans ces moments que j'aime qu'on me laisse seule [...] Je suis folle, c'est comme ça !"
01 septembre 2005
"Je ne suis pas capable de faire les choses moi-même, heureusement que je ne vis pas seule, je vivrais dans une porcherie et serais au chômage constamment, on doit toujours tout me rappeler, je ne suis pas capable de prendre des initiatives. [...]
Je ne supporte pas le soleil, je ferme donc les stores."
31 août 2005
"Je marchais le long de mon chemin, regardant le sol, [...] longeant les murs pour éviter le soleil bien violent ce soir-là... Prêt à taper sur la tête de qui voudra ! L'esprit mauvais était sur moi, la pluie dans ma tête et le soleil en dessus. J'avais chaud, une horreur insupportable. Une impression de saleté dont on veut se débarrasser au plus vite s'est aussitôt emparée de moi !"
31 août 2005
"Un vieil homme est venu donner une conférence hier après-midi. Il nous racontait la guerre de 39-45, comment il l'a vécue, son emprisonnement dans le camp de concentration d'Auschwitz, comment sa mère a tué une petite fille [...] en l'étouffant avec un coussin, ce qu'il a pensé en se rendant compte que malgré la douloureuse perte de son père, il faisait encore partie des plus privilégiés, ce qu'il a ressenti quand il s'est rendu compte qu'il ne reverrait jamais plus sa mère... J'ai été troublée... Pas vraiment émue... Quoique... Mais surtout révoltée contre toute cette connerie ! Je n'écoutais plus et me suis mise à imaginer comment je serais en cas de guerre..."
08 septembre 2005
"Je vis avec mes angoisses sur le dos, ma journée s'est passée de la même façon, angoisses pensantes à porter soi-même ! Et quelle chaleur ! Je déteste le soleil !"
09 septembre 2005
"Les gens qui croient me connaître me découvrent parfois d'étranges facettes... Des facettes dont je n'ose parler par peur d'être mal jugée, d'être mal vue et critiquée négativement... Comme je l'ai si souvent été !"
07 novembre 2005
"Moi je félicite tout le monde, même l'équipe adverse, alors ceux de mon équipe n'aiment pas ça... Je ne comprends pas..."
15 novembre 2005
"Chaque heure à sa propre vie. [...] Moi, par exemple, le mercredi je sors toujours de chez moi vers 7h20... C'est la vie de cette heure-là... Quelques secondes après, la grosse voiture rouge qui hurle sa musique passe juste à côté de moi, et moi je pense "Si je connaissais le conducteur, il pourrait me prendre et m'emmener à la gare plus rapidement..." Mais je ne le connais pas, même pas son visage. [...]
Les troupeaux de monde se déplacent de façon effrayante parfois, surtout quand on se retrouve à marcher dans le mauvais sens... "Mauvais sens pour qui ?" Je me fais bousculer, mais je tiens bon, je dois pouvoir passer sinon je rate mon train... Chose inconcevable !"
30 novembre 2005
"Les gens me font peur..."
24 novembre 2005
"Certaines personnes ne se rendent pas compte, je crois, qu'elles sont blessantes, et c'est mon cas ! Je suis agressive et mon ironie n'est pas toujours très bien interprétée, je parle beaucoup et je ris fort, je suis assez franche quand je dis quelque chose et souvent, je raconte des histoires qui ne veulent rien dire... [...]
J'ai passé des années à essayer de sortir de mon cocon et enfin oser dire ce que je pense vraiment [...] Ce n'est pas pour qu'un groupe de prétentieux m'y enferme à nouveau ! Je n'ose déjà pas regarder les gens dans les yeux..."
22 décembre 2005
"Se rendre compte que rien ne change...
Surtout pas moi !
"Rire de sa naïveté...
Jouir de sa crédulité...
Jouer de sa simplicité..."
"
26 janvier 2006
"Des années que ça traîne... Ils crient encore, sans vraiment comprendre... [...] Ils grondent... Et je suis triste... Pour moi c'est grave... [...] Je n'ai pas envie qu'ils me questionnent, juste qu'ils m'écoutent... Ils vont dire que j'en fais trop... Ils vont dire que j'exagère, que je n'aurais pas dû ! [...] Je n'ose rien dire... Je n'ose pas en parler... Je n'aime pas... Qu'est-ce qu'ils penseraient ? [...]"
20 février 2006
"Je ne sais pas pourquoi, pourquoi ça me fait tellement bizarre d'être remarquée... D'être intégrée, vue et acceptée... [...] Cela fait combien de temps que personne ne m'a dit "Je t'invite à mon anniversaire !" J'ai participé à des anniversaires, mais toujours surprise, genre quelqu'un avertit quelqu'un qui avertit quelqu'un et qui, pour finir, est assez gentil de m'avertir... Est-ce que la personne m'aurait invité sans ça ?"
12 mars 2006
"Je ne suis pas ce que vous voyez... J'ai appris à cacher... J'ai appris a ne pas montrer... Vous ne savez pas..."
18 octobre 2007
"J'aurai juste aimé, une fois, être satisfaite... Être moi... Me plaire... En ressortir le sourire aux lèvres et non les lèvres pincées... Qu'on me dise que c'est très bien, je m'en fous... Si mon "costume de clown" est réussi, ça ne veut pas dire que j'aime le porter... Mais quand on n’a pas le choix... ?"
10 mai 2010
"Je ne sais pas qui je suis..."

Je trouve ces extraits relativement parlants. Il faut aussi savoir que depuis 2005, je laisse comprendre que le moral allait mal, je parle de déprime, puis de dépression. J'avais beaucoup de mal à supporter la distance qu'il y avait dans ma relation de l'époque, trop de dépendance affective et un tel manque de confiance en moi que je ne croyais pas qu'on puisse m'aimer. Je parle aussi de moi comme une ratée, je parle des moqueries, de situations dans lesquelles je craque, je pleure, etc.

Heureusement, du passé tout ça. Loin derrière. Je me rappelle parfaitement ce que je ressentais à cette époque, cette impression qu'il serait impossible de penser un jour autrement, d'aller mieux, de voir les choses de façon positive, être heureuse. Tout ça me semblait totalement inaccessible. Pas difficile à atteindre, mais impossible.

C'est en lisant tout ça que je réalise mon malêtre de l'époque, mon décalage aussi, malgré le fait que je pouvais avoir des copains avec qui je rigolais et passais de bons moments, j'avais beaucoup de mal, du mal à suivre, du mal à gérer, je parle également d'un énorme cumule de fatigue, de ma honte d'être si flemmarde, de ne pas réussir à me réaliser, à aller au bout des choses, etc. Les sujets sont récurrents, de mois en mois, d'année en année...

Du moins jusqu'à 2011 - 2013, la rencontre de mon mari, ma dépression et enfin ma remontée vers des jours meilleurs. Une plongée dans un rêve, simplement.

2 commentaires:

  1. J'aurais envie de commenter tous les articles pour dire "moi aussi" (très pertinent n'est-ce pas), mais là c'est particulièrement "moi aussi" ! Je suis rentrée à Noël avec quelques jours d'avance chez mes parents dans l'idée de relire tous mes cahiers rédigés de mes 12 à mes 25 ans (j'ai pas réussi à tout lire évidemment, mais quelques-uns). Très parlant. Je restais beaucoup fixée sur mes sensations (hypersensibilité), mes structures mentales, mes colères, mes déceptions et mon manque d'amour, mais revenait tout le temps mon incompréhension du monde (les règles sociales sont illogiques), mon incapacité à rester sociale en cas de fatigue (fuite des soirées, crise d'angoisse dans les foules, plus envie de parler à qui que ce soit, même juste dire "bonjour"), toujours l'impression d'être "en dehors", d'être en décalage, de ne pas faire partie du même monde, toujours l'impression que tout est factice... la douleur de ne pas être comprise, de blesser les gens sans m'en rendre compte, d'être prise pour folle.
    Souvent je rêve de voir un.e psy plutôt "par écrit", tant ça change de ce que je montre IRL.

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    1. Pour moi qui doute beaucoup (syndrome de l'imposteur), je dois avouer que ça m'a quelque peu conforté dans l'idée que j'avais bel et bien un SA. Ce n'est pas évident de se replonger dans le passé, surtout quand il était assez sombre, mais ça aide à se comprendre ;)

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